LE CLOWN ET LE DEVELOPPEMENT PERSONNEL
Pour moi, le développement personnel nous invite à développer notre personne et travailler nos comportements, nos caractéristiques pour arriver à trouver un état de bien-être.
La méthode des techniques de clown travaille d’une manière très intime sur l’être qu’il est parce que l’acteur-clown est le personnage central de sa recherche : son identité, son corps, ses émotions, ses attitudes et comportements, son énergie.
Il va être en interaction constante avec l’environnement qui l’entoure, sous la forme du jeu théâtral et clownesque.
L’acteur interprète un personnage différent de lui et se construit à partir d’un personnage fictif.
Chez le clown, il n’y pas de différenciation pour construire son personnage ; toute matière première vient de la vie de l’acteur-interprète ou de son imagination. C’est donc impliquant personnellement.
Evidemment ça touche profondément et directement celui qui est sur scène.
Pourquoi avoir choisi les outils du clown ?
J’ai personnellement choisi l’art du clown au service de ma propre transformation et pour nourrir mes besoins de plaisir, d’authenticité, de partage et de rencontre. Au départ, je souhaitais comprendre comment le monde fonctionnait pour me protéger et me relier et pour ça, j’avais besoin de me comprendre davantage. J’ai d’abord commencé à faire du théâtre pour me retrouver et me libérer de mon passé, et puis je suis allé plus loin dans la rencontre de moi-même grâce au clown. Je me suis dit : si ça m’aide, ça peut aussi aider les autres.
La particularité de travail du clown c’est la notion de rire et de plaisir qui sont des axes primordiaux.
Ça permet de travailler quoi ?
Les techniques de clown nourrissent nos besoins universels. Elles sont un moyen de se libérer et de trouver la liberté en soi, de prendre du plaisir dans la vie, d’évoluer en tant qu’humain, de s’estimer et de recevoir de la reconnaissance et de s’accepter qui on est et de trouver la paix intérieure. Je vais prendre soin de la qualité relationnelle avec les autres, et je vais m’occuper de l’autre uniquement quand j’en ai l’élan.
« S’occuper de mes racines, de « mon arbre en moi », permet de grandir et fleurir avec joie »
Quels sont les objectifs précis et concrets ?
Oser exprimer ses émotions par exemple la peur de l’échec, s’avoir se confronter au regard des autres, surmonter la peur du public, développer sa créativité, permettre de se détacher de ses émotions et en jouer.
Comment ça se passe sur scène ?
Le plus extraordinaire, c’est de vivre la relation à l’autre avec la joie de vivre, le plaisir d’être ensemble et dans le partage du jeu.
Je peux même « prendre plaisir à la souffrance de l’autre* » : car mon interlocuteur, partenaire de jeu, peut être en souffrance (triste, désemparé) et le fait que je prenne la peine de l’écouter me permet de donner de l’écoute empathique. Je vais donc prendre plaisir à être présent en donnant de l’écoute empathique. Je vais me décoller de ce qui me donne des émotions désagréables pour en jouer. Pour reprendre une formule du ‘dialogue avec l’ange ‘ : « Le mal est le berceau de la joie. » Cerise sur le gâteau : c’est l’occasion d’oser partager ma vulnérabilité et mon authenticité pour prendre soin de l’autre.
Y-a-t-il des difficultés ?
« Pour plaire, je me perds »
Le clown permet de s’ouvrir à soi, de se libérer de son mental, de ses pensées, de ses limites, de ses peurs et ressentir pleinement ce qui nous habite. Ce qui peut être enfermant.
Ce que je trouve enfermant, c’est ce que je me raconte dans ma tête. Si je me sens libre du passé, du futur, je peux me rencontrer et rencontrer l’autre, voir le monde qui m’entoure dans l’instant présent.
Une fois dans le présent, l’acteur-clown peut accepter et jouer avec ses propres limites. Une fois que je m’accepte et je m’accueille, je peux plus facilement accueillir l’autre avec ses limites. Tout en prenant soins de la qualité relationnelle avec l’autre, je peux laisser de côté les pensées et jugements, du passé ou du futur, sur l’autre.
Toute la difficulté dans le clown est de vouloir plaire, par peur de ne pas être aimé. Par manque d’estime de soi ou de reconnaissance, l’être humain a peur de l’échec le fameux « bide ».
Quel regard va-t-on porter sur moi si j’échoue ?
La résilience se trouve dans le fait d’oser accepter mon bide et donc mon imperfection et partager ma vulnérabilité et mon authenticité, et l’effet que ça produit sur moi. Grâce à cela, les spectateurs vont être touchés.
Ils s’identifient à leurs limites et cet effet miroir permet aux spectateurs de s’accepter plus facilement grâce au clown : en applaudissant, ils se célèbrent dans leur humanité.
*Marshall Rosenberg